Photo du livre :
Un rapide résumé du livre :
Une jeune chercheuse sur la maladie d’Alzheimer, Anne, traverse un parc dans une petite ville de Thuringe, en Allemagne.
Sous un violent orage, elle meurt foudroyée, en touchant le bronze de la sculpture d’Aphrodite. Sa mort crée de graves dissensions chez ses proches et dans le laboratoire où elle travaille. Certains veulent s’approprier ses recherches et dans ce but salir son passé.
Ses vrais amis peuvent communiquer avec son esprit qui a fusionné avec celui de la statue. Jim, son ex-compagnon, veut combattre contre les mauvais coups portés à sa mémoire. « Les chants d’espoir bavent aux lèvres des statues » a chanté un poète qu’ils appréciaient. L’esprit d’Anne – Aphrodite veut relativiser cet aphorisme et prône le pardon.
Deux hommes vont s’affronter : Jim, son ex-compagnon et Karl, son chef et compagnon.
Deux pensées, deux volontés s’affrontent : l’honneur prôné par Jim et la pardon prôné par la statue. Qui en sortira vainqueur et à quel prix ? Quel prix faut-il payer pour que les chants d’espoir ne soient plus portés par les statues mais par les hommes ?
C’est à ce chemin que je vous convie, sur fond de l’actualité des recherches fondamentales sur Alzheimer, de la mémoire, et de la philosophie des grands poètes allemands.
MSHOMITI
Une autre vision du livre :
Au cœur de l’Allemagne, une jeune américaine, Anne, passionnée des écrits des grands poètes que furent Goethe et Schiller, travaillant dans un laboratoire de recherche sur la maladie d’Alzheimer, meurt accidentellement, foudroyée dans un parc au pied de la statue d’Aphrodite.
Cette disparition tragique bouleverse ses proches et de graves tensions se font jour au sein du laboratoire. Elle est accusée post-mortem d’espionnage.
Ses amis veulent défendre son honneur et s’en ouvrent à l’esprit d’Anne qui communique avec eux au travers de la statue. Anne tente de les en dissuader, préférant le pardon à l’honneur.
Faut-il pardonner l’offense ou laver son honneur ? Faut-il se battre jusqu’au bout pour la vérité ? Quel en est le prix à payer ? Quelles sont les conséquences induites de nos émotions et décisions ? C’est à ces dilemmes que nous convie l’auteur, dans un scénario aux multiples rebondissements jouant avec la mémoire.
MSHOMITI
Extraits :
Chapitre 1 :
Un cas de démence sur trois – dont la maladie d’Alzheimer – pourrait être évité en réduisant neuf facteurs de risque de développer la maladie (éducation jusqu’aux études secondaires, audition, diminution de l’hypertension artérielle et de l’obésité des 45-65 ans, arrêt du tabac, lutte contre la dépression, contre l’inactivité physique, contre l’isolement social et le diabète chez les plus de 65 ans. (The Lancet, juillet 2017)
La vie, toujours la vie. Et la mort encore
Les destinées humaines sont semblables à la porcelaine : fragiles par essence, fines et translucides à la naissance, cuites et recuites à haute température, tendres si elles sont « françaises », dures si elles sont « allemandes », de « Sèvres » ou de « Limoges ». Si elles présentent des impuretés, elles sont éliminées rapidement au cours du processus de fabrication en se brisant net.
Les porcelaines et céramiques ont accompagné l’espèce humaine dans son développement depuis le fond des âges : 11 000 ans avant Jésus-Christ naissaient les premières céramiques japonaises.
Comme les porcelaines, les destinées se parent de couleurs chatoyantes au fil du temps, une sorte de cache-sexe ajouté à la materiae primades alchimistes. Les lits de couleur se superposent : jaunes, verts, bleus, sombres ou clairs selon la vicissitude de la vie.
Peu d’hivers, dans la vie des hommes, finalement, ressemblent au grand style Imari de la porcelaine japonaise,avec son bleu de cobalt et son rouge de fer presque safran sur un fond resté blanc…
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Si la vie d’Auguste Deter n’est pas inscrite au frontispice de l’imposant livre des grandes dames de l’Histoire, elle permit qu’un neurologue allemand, Aloïs Alzheimer, devînt célèbre et que son nom soit synonyme de fin de destinée, chaotique, irrationnelle, colérique, privative de liberté de vivre dignement, et amenant d’autres méfaits de gravités ascendantes, rendant l’entourage désorienté et impuissant.
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Chapitre 1 plus avant :
Elle enlaça plus fortement la colonne de bois que son subconscient avait choisi. Sa taille la rassura un peu. Elle ne pouvait en faire le tour avec ses mains. Elle ramena son sac à mains entre-elle et le tronc, de peur qu’il ne fût arraché de son épaule. Se raisonner à attendre, prier restaient les seules actions que son cerveau pouvait encore déclencher. Des prières de son enfance revinrent à sa mémoire et mécaniquement ses lèvres s’arrondirent pour prononcer des phrases qui n’avaient plus de sens pour elle depuis des années. Elle ferma les yeux et se colla au tronc. La pluie ruisselait sur son corps, ruisselait de son corps et elle sentit ses sous-vêtements se détendre, se relâcher. Son corps était eau et seule la force de ses bras lui donnait encore le sentiment d’une parcelle d’existence solide.
De longues minutes passèrent. Les yeux hermétiquement clos pour ne pas voir, les oreilles bourdonnantes de la fureur des éléments, la tête pilonnée de mousses, de feuilles et de brindilles arrachées, entrant sous ses vêtements, ruisselante de partout, les chaussures définitivement déformées, agrippée à son pieu salvateur, assommée mentalement et physiquement, Anne sentit passer sur son visage endolori, sur sa chair meurtrie, le vent glacé de l’autre côté de la frontière des vivants.
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Chapitre 2 :
Incarnation
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Chacun veut comprendre, connaître les circonstances du drame. L’un appelle les pompiers, l’autre l’hôpital, les informations sont vite rassemblées et recoupées. Il est décidé de se rendre dans le parc, là où le corps a été découvert.
Bientôt, sous la conduite de Hans, un groupe effaré, égaré, éploré se dirige vers la statue.
Les explications du gardien sont courtes, précises et chacun mesure l’étendue de la tristesse qui l’envahit.
De rage, Greta, la meilleure amie d’Anne, pleurant à chaudes larmes, frappe la sculpture en criant « Vorsicht, bissegere Statue ».Maudite statue ! Son cri s’étrangle dans une sensation bizarre de chaleur et de douceur que lui renvoie le bronze. L’objet d’art n’est pas froid mais chaud, de température un peu plus élevée que sa propre température.
—Voyez, la statue est chaude ! s’exclame t-elle.
—Incroyable dit un de ses collègues, après avoir touché lui aussi l’ouvrage. Le socle en bêton est froid, le bronze est réellement chaud.
—Peut-être une réminiscence de l’éclair qui l’a frappé.
—Après plus de vingt heures ? Peu probable.
Greta ne participe à cet échange. Son attitude a changé. Elle capte l’énergie d’Anne, l’esprit d’Anne. Elle entend dans sa tête des phrases.
—Ne t’inquiète pas Greta, je suis morte, cependant vivante sous une autre forme.
—Anne, que dis-tu ? se surprend à dire Greta.
—Ma pensée est dans la statue, mon cœur est ici.
—La statue, elle, elle, elle…me parle. C’est Anne ! murmure Greta.
Tous la fixent avec étonnement puis avec une affection douloureuse.
—Tu es bouleversée, il faut te reposer ! Viens, quittons cet endroit qui te hante.
—Non, je veux rester, je veux continuer de recevoir les paroles d’Anne.
—Entends-les, tu pourras revenir plus tard, lui susurre la voix.
— La température d’Aphrodite a chuté, dit un homme.
—Voyez, dit Greta, elle sourit.
—C’est vrai, dit Hans, elle sourit. Incroyable. Jamais cette statue n’avait eu un quelconque sourire. C’est inconcevable.
—Décidément, cet endroit semble maudit, affirme un des hommes.
Tous quittent le jardin public, avec des sentiments mitigés.
—Ahurissant, murmure Hans, elle a une espèce de rictus sur les lèvres. Je vais vérifier avec des photos anciennes mais je suis sûr. Oui, je suis sûr ! Jamais elle n’a souri.
—Greta est choquée et nécessite du repos, et peut-être des soins, pense un homme en lui jetant un regard de biais.
—Nous sommes des scientifiques reconnus, nous n’allons pas tomber dans une sorte de mysticisme à propos de statues qui « chauffent », « baragouinent » et « se marrent », rumine un autre, en frappant violemment du pied une pierre sur le chemin.
—Et pourtant, elle parle, elle me chuchote dans la tête, ressasse Greta…
La vue du corps de la jeune chercheuse, drapé d’un linceul blanc dans un cercueil de bois clair, au milieu de la minuscule chapelle de l’hôpital, avec un visage calme et translucide, ramène chacun à la dure réalité de l’après-vie et à la douleur qui l’accompagne.
Chapitre 8 :
Amour du beau, manipulation, croyance et culpabilité
Huit heures du matin, Bernhardt pénètre dans la salle de restaurant un peu kitch de cet hôtel historique situé au centre de la petite ville, sur la place du marché. Le mobilier est rouge sang, les nappes jaunes et les murs sont recouverts de photos de films.
Jim est en train de mastiquer lentement une omelette aux champignons accompagnée d’un pain noir et d’un café brûlant.
Le salut entre les deux hommes est bref. Bernhard commande un café et pose son téléphone devant lui, sur la table.
—Je vous remercie de me recevoir, monsieur Tae. Je vous présente mes condoléances pour le deuil de votre amie dans notre ville. Cette tragédie a terriblement bouleversée notre petite communauté, et je me propose d’écrire un article sur la vie de cette jeune femme.
L’angle d’approche est celui-ci : je souhaiterais la présenter dans sa diversité, sa vie, son attachement à la cause de la recherche sur la maladie d’Alzheimer, son courage d’avoir quitté pour cela son pays d’origine, sa volonté d’apprendre notre culture et son admiration pour nos grands poètes.
Cela, c’est le cadre général et j’aurais besoin de compléter le sujet sur son passé, son histoire personnelle avant sa venue en Allemagne, pour souligner le caractère altruiste et remarquable de cette jeune chercheuse. Pourriez-vous m’éclairer sur ce point particulier, sur ses études, sa vie à New York, ses passions, ses goûts, son « way of life »en quelque sorte ?
Jim ne répond pas et semble perdu dans ses pensées, au rythme de ses mâchoires qui écrasent méthodiquement champignons et pain noir. Une grosse minute s’écoule et Bernhardt se tortille sur sa chaise. Jim laisse se perpétuer le silence et pose sa fourchette juste avant que l’échotier ne reprenne la parole.
—Ces champignons sont excellents ! Anne les aurait aimés. Elle aimait les champignons, les œufs, le café, la nature, les rires, la vie. Mais cela vous le savez. Pour le reste, sa vie était celle d’une jeune femme américaine, jolie, épanouie, insouciante, passionnée par ses études, capable de partir dans cette vieille Europe qui a participé à la fondation de notre jeune pays.
À plusieurs reprises, elle m’a dit que son départ vers l’Europe était un juste retour vers ceux qui avaient construit notre nation. Les immigrés européens ont fui un lieu où leur place ne leur semblait plus assurée en espérant découvrir une terre de cocagne ou du moins de meilleures conditions d’existence. Ils ont souffert et travaillé courageusement en Amérique. Beaucoup sont morts sur les chantiers du chemin de fer ou dans les mines. Pour Anne, c’était un peu un retour aux sources. Elle disait même, en riant, quelques jours avant de partir, qu’elle avait peut-être du sang allemand dans les veines.
Une jeune femme, descendante d’immigrés, qui réfléchit à son ascendance, qui veut redonner à votre terre ce que votre terre a pu donner à l’Amérique. Et son sang a coulé au fond d’un parc dans ce pays ! À son corps défendant. Triste et dérisoire.
—J’en suis désolé et je vous renouvèle mes condoléances…
—Depuis ces périodes d’émigration, votre pays a été dirigé, violenté dans sa conscience, son essence et sa chair par des pantins sataniques. Nous avons dû faire la guerre à votre nation pour stopper la barbarie. Durement. Nos pays se sont depuis réconciliés ; nous avons aidé vos nouveaux dirigeants à reconstruire une économie devenue champ de ruines. Des échanges d’intellectuels, d’étudiants, de chercheurs, de technologies sont aujourd’hui monnaie courante entre nos pays, pour le bien de tous.
Anne avait tous ces éléments en tête en venant à Rudolstadt. Tous. Sans exception.
…